« Le Portugal peut désormais plus »/ « Le Portugal en avant », Pedro Passos Coelho (PSD). Source : AFP
Bien que la situation socio-économique du pays s’améliore progressivement, il n’en demeure pas moins que le pays reste profondément fragilisé par l’importante dette publique et la précarité du marché du travail, source d’une inquiétante émigration des Portugais à l’international. Un bilan donc en demi-mesure pour le gouvernement du « Parti social démocrate » (PSD), au pouvoir depuis 2011. Selon les sondages, il semblerait néanmoins que l’actuel Premier ministre, Pedro Passos Coelho, leader du PSD, puisse être facilement réélu à la tête du gouvernement portugais.
Un traditionnel clivage gauche/droite
Depuis plusieurs semaines, les différents baromètres politiques annoncent une importante avance de la coalition « Portugal a Frente » (« le Portugal en avant », PaF) menée par les deux partis au pouvoir, le PSD et le CDS-PP (« Centre démocrate social – Parti populaire »). La coalition devancerait ainsi le « Parti socialiste » (PS) d’António Costa d’environ 10 points, l’alliance gouvernementale étant créditée de 43 % des intentions de vote contre 33 % pour le PS.
Aujourd’hui, cette avance de la coalition libérale s’explique en partie par l’incontestable inquiétude des Portugais d’un nouveau recours aux institutions internationales et notamment au Fond Monétaire International. Tout au long de la campagne, le Premier ministre portugais a notamment affirmé qu’une victoire du PS impliquerait « un retour aux vieilles politiques démagogiques qui ont poussé le pays vers la faillite ». En toile de fond de cette campagne, l’affaire de corruption qui poursuit son prédécesseur, José Sócrates (PS), a également entaché la campagne du Parti socialiste.
« Bloco de Esquerda » : une véritable force alternative ?
Parallèlement, le succès de la coalition de droite peut s’expliquer en grande partie par la division des forces de l’opposition, notamment avec l’importante montée en puissance du « Bloco de Esquerda » (« Bloc de gauche », BE) crédité aujourd’hui à 8 % d’intentions de vote.
Contrairement aux différents mouvements de type « Syriza » ou « Podemos » lancés respectivement en Grèce et en Espagne, l’influence du « Bloc de Gauche » reste faible au sein de la sphère politique portugaise et le parti peine à s’imposer comme une véritable force alternative. Alors que d’importants soulèvements contre les politiques d’austérité avaient vu le jour dans le pays en 2012, il semblerait aujourd’hui qu’aucune force politique de contestation ne se soit consolidée au Portugal et que les Portugais aient progressivement exprimé, en réalité, un certain désintérêt pour la politique nationale.
Par ailleurs, l’abstention est rapidement apparue comme une variable clé au sein de cette élection. Certains prédisent d’ores et déjà qu’elle atteindra des niveaux record et qu’elle dépassera même le taux de 2011 où elle était montée à 41,90 %. Les jeunes Portugais, principalement touchés par le manque d’accessibilité sur le marché du travail, semblent être la pierre angulaire de cette abstention.
Et après les élections : quel gouvernement ?
Bien que la droite jouisse d’une confortable avance dans les sondages, il s’avérerait qu’aucun parti – y compris la coalition « Portugal à Frente » – n’obtiendra la majorité absolue. Dans cette optique, il est envisageable que Pedro Passos Coelho soit dans l’incapacité de former un nouveau gouvernement si la gauche était amenée à former un front commun.
Jerónimo de Sousa, leader du « Parti communiste portugais » (PCP), a exprimé clairement l’impossibilité pour la coalition de gouverner sans la majorité absolue des votes, en affirmant qu’un résultat inférieur à moins de 50 % des votes serait la preuve que « le peuple portugais ne veut pas du PSD et du CDS-PP pour gouverner le pays. »
Le Portugal propose ainsi un panorama bien différent de celui analysé il y a peu en Grèce. Le « Bloco de Esquerda » reste loin des niveaux atteints par Podemos et Syriza dans les pays voisins. Pas de révolution à craindre donc au Portugal, mais une formation de gouvernement qui s’annonce néanmoins délicate et qui méritera d’être suivie de près dans les prochains jours.